Vivant en Belgique, Adina Ionescu-Muscel est une artiste multidisciplinaire d’origine roumaine. À travers la photographie, la vidéo, l’installation…, elle s’intéresse à la mémoire, aux constructions identitaires et aux enjeux environnementaux.
En 2022, l’eau de pluie a été largement considérée comme impropre à la consommation en raison de la présence généralisée de niveaux dangereux de PFAS. Ces composés chimiques synthétiques sont souvent désignés sous le nom de « Forever chemicals”, faisant référence à la longue chaîne de carbone et de fluor qui les constitue, et qui résiste indéfiniment à la décomposition naturelle.
L’exposition interroge la manière dont nous, ainsi que notre environnement, sommes affectés par les substances que la pluie véhicule dans le cycle hydrologique. Les neurobiologistes Changizi et Weber ont émis l’hypothèse que l’apparition de rides sur les doigts des êtres humains en contact avec l’eau pourrait constituer une ancienne adaptation évolutive visant à améliorer la prise en main d’objets humides, une caractéristique développée il y a 10 millions d’années pour faire face aux conditions pluvieuses. L’eau révèle en nos corps l’image latente d’une histoire d’intimité que l’humain a entretenue au fil de l’évolution avec la pluie.
L’exposition Forever chemicals se compose de dispositifs donnant lieu à une forme de fabulation qui explore la relation entre le fluor et la fluorescence et ouvre la voie à la spéculation pour instruire le geste artistique: si la pluie renfermait un élément fluorescent qui n’apparaissait qu’à l’obscurité? Quelles nuances prendraient les nuages en ce cas? De quelles marques les nouvelles formes de pluie pourraient-elles consteller nos propres corps? Quels récits révèleraient la terre si on lui posait les bonnes questions?